Première saison de huit épisodes finie – HBO n'a pas encore annoncé si la série était renouvelée.
HBO
Créateurs : Stephen Merchant, Lee Eisenberg, Gene Stupnitsky
Année : 2013 - ?
Genre : comédie (enfin, ça dépend de l'humour qu'on a, autrement ce serait plutôt un drame)
Durée : 26 minutes
Acteurs : Stephen Merchant, Christine Woods, Kevin Weisman
Un anglais maladroit est à la recherche de la femme de sa vie à Los Angeles. Charmant à sa façon – c'est en tout cas ce dont il est persuadé – et désespéré, il veut infiltrer le milieu glamour des "belles gueules". Malheureusement pour lui, celles-ci ne veulent pas le laisser entrer…
MON AVIS :
Stephen Merchant est immanquablement associé à Ricky Gervais dans mon esprit. C'est que j'ai découvert ces deux acteurs, scénaristes et humoristes ensemble, ce dans deux de mes séries préférées, tous genres confondus (The Office – version UK, je précise – et Extras)(des merveilles)(si vous ne les avez pas vues, précipitez-vous dessus)(surtout qu'elles ne font chacune que 12 épisodes et un Special Christmas). Que Merchant ait enfin réussi à sortir de l'ombre de Gervais pour faire quelque chose de bien à lui m'a intriguée et je me suis précipitée sur Hello Ladies dès que j'ai appris son existence (c'est à dire la semaine dernière). Résultat ? Voyons cela ensemble.
Stuart Prichard est un webdesigner un peu geek sur les bords qui s'en sort plutôt bien professionnellement parlant mais qui a une vie sentimentale désastreuse. Il faut dire que le fait qu'il soit un con fini ne l'aide pas trop à marquer des points auprès de la gente féminine, à plus forte raison qu'il n'est intéressé que par les mannequins. Sa locataire, Jessica, est une actrice devenant un poil trop vieille pour les rôles de jeune première. Elle décide de se lancer dans la réalisation d'une websérie pour masquer le fait qu'elle ne trouve plus de travail. Tous deux s'aideront à assumer leurs échecs respectifs, l'un face aux femmes, l'autre face au cinéma.
Quand Caro et Jeunet se sont séparés (nous privant ainsi d'un des meilleurs duos de tous les temps)(cf La cité des enfants perdus pour preuve), on a pu comprendre qui apportait quoi. Le côté sombre venait clairement d'un Caro l'ayant utilisé par après dans sa (très courte) carrière solo, les délires visuels d'un Jeunet qui a montré avoir été l'initiateur des notes tendres et poétiques de leurs films. Cette séparation plutôt nette des apports de chacun se marque également dans Hello Ladies me semble-t-il. En effet, maintenant que j'ai vu ce que chacun donnait seul, j'ai l'impression que Ricky Gervais insufflait le côté sombre, acide, plus « intellectuel » dans l'humour et Stephen Merchant l'aspect plus tendre, compréhensif et parfois absurde, tous deux étant entièrement dans l'auto-dérision. Dès lors, Hello Ladies est à la fois familier et différent, rappelant certaines choses de ce duo mais s'en démarquant également.
En effet, cette mise en situation d'un connard fini est habituelle de Ricky Gervais et de Stephen Merchant. Stuart Prichard pourrait sembler être un pauvre type victime de son allure dégingandée, mais non, du tout. C'est un égoïste assumé qui est trop aveuglé par son objectif (trouver une femme qui rendra les autres verts de jalousie et qui le mettra en valeur) pour réellement cueillir les possibilités amoureuses et sexuelles qu'il rencontre. Du coup, on jubile presque quand il finit par (immanquablement) se prendre un râteau. Et on en redemande même.
De plus, nous retrouvons dans cette série le même schéma narratif que dans Extras. Nous avons d'un côté le type qui a réussi mais qui n'arrive pas à obtenir ce qu'il veut et de l'autre l'actrice à la carrière minable qui se vautrera dans tous ses projets. Cette fois, ce sera la femme qui sera l'esprit fin et intelligent et l'homme celui ne se rendant pas compte de sa stupidité et de l'inadéquation de son attitude mais mis à part cette inversion, tout est là. C'est dommage que pour une première création télévisée en solo, Merchant se soit autant inspiré d'une de ses précédentes productions…
Cependant, Hello Ladies va se démarquer des collaborations Gervais-Merchant par l'évolution de son personnage, qui perdra peu à peu son aspect « connard » pour finir par devenir ce clown triste au grand cœur cachant ses faiblesses et ses blessures derrière une attitude outrancière qu'il semblait être au début. Et c'est dommage. Parce que ce revirement fait perdre de son caractère incisif à une série dont c'était la principale originalité. Espérons que Merchant reprendra du poil de la bête dans l'éventuelle seconde saison, au risque de ne plus pouvoir se démarquer dans l'univers des comédies mettant en scène des trentenaires célibataires…
Hello Ladies reste cependant recommandable pour sa capacité à nous mettre mal à l'aise, à nous faire rire jaune et à ne pas flatter ses personnages (que du contraire). C'est une série qui fait tache dans l'univers télévisuel américain et c'est tant mieux. Elle est cependant à éviter si vous n'avez pas aimé The Office (UK), Extras ou encore Life's Too Short.
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