Série en cours, première saison finie (8 x 58 minutes)
HBO
Genre : policier, drame
Créateur : Nic Pizzolatto
Acteurs : Matthew McConaughey, Woody Harrelson, Michelle Monaghan
RESUME :
La traque d'un tueur en série amorcée en 1995, à travers les enquêtes croisées et complémentaires de deux détectives, Rust Cohle et Martin Hart.
MON AVIS :
C'est presque devenu une banalité attendue d'affirmer que le monde des séries a le vent en poupe. A côté des productions convenues et barbantes est en train de naître un monde échappant à la case underground pour directement atterrir dans le mainstream et nous offrir des histoires tellement élaborées et une mise en scène si léchée qu'elles feraient rougir de jalousie bon nombre de films. Films auxquels il a d'ailleurs volé des stars. C'est ainsi que le nouvellement oscarisé (pour un rôle ne méritant pas une récompense à mes yeux) Matthew McConaughey rejoint le truculent et malheureusement trop peu « utilisé » Woody Harrelson dans une histoire de détectives angoissante que seul dépasse en qualité le superbe Top of the lake.
Deux anciens détectives sont interrogés à propos d'une enquête qu'ils ont menée conjointement dans les années 90 alors que le premier, Rust Cohle, venait de débarquer dans la Louisiane du second, Marty Hart, et devenait son partenaire. Un étrange meurtre rituel ébranla leur vie et les mena au cœur de ce qu'il y a de plus sombre en chacun de nous…
Il est rare qu'une série n'ayant pour l'instant été diffusée qu'aux USA fasse autant parler d'elle de notre côté de l'océan. Et pourtant, auprès d'une certaine presse francophone, True Detective semble être devenu une sorte de messie montrant qu'il y a encore espoir et que l'on peut créer une œuvre riche de sens et de références, plaisante à regarder qui plus est et ne songeant pas une seconde à nous abrutir. En même temps, c'est un discours qui est de plus en plus souvent tenu dernièrement (notamment pour House of Cards, Hannibal, American Horror Story – que j'ai arrêté de regarder -, Top of the Lake donc et, encore et toujours, Breaking Bad). En effet, les petites perles semblent se multiplier et fédérer un nombre important de spectateurs. A force, le phénomène deviendra sûrement agaçant. Pour l'instant, il est encore exaltant.
Mais qu'a True Detective de si spécial ? Beaucoup de choses. Tout d'abord un scénario qui permet à son histoire de s'épanouir sans se perdre dans les dédales des étirements impossibles ayant pour but de faire tenir le tout sur 24 épisodes (fois plusieurs saisons). On dirait que les américains ont enfin appris une chose ou deux des séries britanniques… Cependant, j'avoue que si j'ai apprécié l'histoire en général, je lui ai quand même trouvé quelques temps morts inutiles et autres développements un peu pesant (je pense notamment à l'épisode des bikers qui a failli me faire arrêter la série et que j'ai décidé de simplement passer après avoir essayé de le regarder deux fois sans réussir à concentrer mon attention dessus).
Ensuite, il faut parler de ses acteurs. L'histoire est menée par un trio des plus marquants, Matthew McConaughey étant, et de loin, bien meilleur que dans Dallas Buyers Club, Woody Harrelson étant diablement sérieux et Michelle Monaghan étant toujours aussi convaincante même si trop peu présente dans l'histoire à mon goût. Les personnages secondaires sont également tous très justes et l'ensemble brille donc par ses interprétations diverses mais toutes sans faute.
Pour finir, élément à m'avoir le plus convaincue : la mise en scène, qui est sublime. Les images sont léchées, le rythme est enlevé et le tout est indéniablement de niveau « cinéma », dans le sens qu'une projection sur grand écran ne perdrait pas en qualité, que du contraire.
Le tout baigne dans un univers référentiel que de nombreux articles se sont déjà amusés à lister et dont je ne pourrais parler de manière convaincante parce que je ne connais que peu des œuvres ayant inspiré le créateur de True Detective. J'essaie en tout cas de mettre la main sur Le Roi de jaune vêtu de Robert W. Chambers et j'ai déjà trouvé (par hasard) un Swamplandia ! que j'ai embarqué.
(plusieurs scènes m'ont fait penser à Take Shelter)
Et pourtant, il m'a manqué quelque chose. Passons outre le fait que les propos plus qu'intéressants sur l'athéisme ont été diminués par une fin qui m'a quelque peu dérangée (sans parler de la « stéréotypisation » des athées évoquée dans cet article-ci). Si j'ai apprécié esthétiquement et intellectuellement la série, je n'ai pas été entièrement emportée. Je n'attendais pas avec impatience l'épisode suivant et je n'ai pas été déçue que tout soit fini. Je me demande encore pourquoi, je n'arrive pas à m'expliquer la chose. Cependant, je reconnais volontiers la qualité de l'ensemble et vous recommande de découvrir True Detective, en Blu-ray de préférence pour profiter des images superbes qui nous permettent de respirer entre deux instants très sombres.
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